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L’autoédition est une tendance croissante dans le monde entier, non seulement pour les romans, mais aussi pour les livres jeunesse.
Près de 10 000 nouveaux livres pour enfants sont publiés chaque année en France. En fait, le marché a battu les records, les ventes ayant augmenté durant la pandémie en 2021.
65,1 millions de livres jeunesse ont été acheté en 2022. (source)
Dans un marché très encombré, les livres illustrés sont quelque peu uniques puisqu’ils sont également en train de s’imposer dans l’édition pour adultes, peut-être parce que les lecteurs adultes d’aujourd’hui ont été nourris de livres d’images de grande qualité lorsqu’ils étaient enfants.
Hormis les grands éditeurs, le marché des livres pour enfants est très différent de celui des livres pour adultes : les ventes sont dominées par des œuvres issues de séries établies ou mettant en scène des personnages connus avec lesquels les enfants nouent des liens affectifs. Les offres alternatives ou de niche se vendent rarement à beaucoup d’exemplaires, de sorte que les petits éditeurs doivent être très pointilleux sur ce qu’ils publient, en choisissant soigneusement parmi les innombrables manuscrits et illustrations qu’ils reçoivent chaque jour.
La voie de l’autoédition
De nombreux auteurs ne sont pas pris en considération par les éditeurs, leurs livres étant rejetés parce qu’ils sont jugés trop risqués.
Leur seule alternative est donc l’autoédition.
C’est une voie de plus en plus populaire qui a permis à certains auteurs de connaître un grand succès. En fait, l’autoédition a connu un véritable essor au cours de la dernière décennie, les progrès de la technologie de l’impression numérique contribuant à cette tendance.
L’un des premiers livres pour enfants autoédités à s’être vendu est “An Awesome World !” de Dallas Clayton, publié en 2009. Après avoir essuyé de nombreux refus de la part d’éditeurs américains rebutés par la simplicité des mots et la bizarrerie des illustrations, Dallas a décidé de le publier lui-même. Grâce à l’internet, à un peu de marketing bricolé et à l’enthousiasme du bouche-à-oreille, le livre s’est vendu à des dizaines de milliers d’exemplaires aux États-Unis, avant que le géant de l’édition Harper Collins ne s’empare des droits et que Dallas Clayton ne signe pour trois autres titres.
Le marché américain offre de nombreux autres exemples de titres autoédités qui sont devenus des best-sellers. Toutefois, selon une enquête menée par l’écrivain Hanna Holt pour son blog** auprès d’auteurs d’ouvrages pour enfants autoédités, bien que 62 % des personnes interrogées aient déclaré avoir gagné de l’argent grâce à l’autoédition, le montant moyen de ces gains n’était que de 2 900 $.
Par où commencer ?
Si vous avez un livre que vous souhaitez autoéditer, cet article vous donnera quelques conseils pour créer un produit de qualité (car cela reste fondamental pour toute publication, malgré ce que certains pourraient vous faire croire…).
Que vous soyez auteur, illustrateur ou les deux, sachez qu’à notre époque, avec un peu d’organisation et d’esprit d’entreprise, vous pouvez vous aussi autoéditer votre travail. Examinons de plus près ce dont vous avez besoin pour produire un bon livre.
1) Une bonne histoire
L’ingrédient essentiel de tout livre est une bonne histoire. Il est donc important de faire lire votre manuscrit par le plus grand nombre de personnes possible : des critiques pointilleux et des acheteurs potentiels, et pas seulement des amis et des membres de votre famille. Demandez-leur leur avis et peaufinez le texte jusqu’à ce que vous obteniez des commentaires positifs de la part de tous vos lecteurs test.
2) De belles images
Les livres pour enfants sont pleins d’images : si votre livre est un roman, il doit avoir une couverture qui attire l’attention et des images attrayantes à l’intérieur (même si elles sont en noir et blanc) ; s’il s’agit d’un livre illustré, les images doivent être de première qualité.
Si votre livre s’adresse à des enfants plus jeunes, les images prédomineront sur le texte, et il peut même s’agir d’un livre muet (sans texte narratif).
3) L’édition
L’édition est une étape cruciale qu’il ne faut pas négliger. Il ne s’agit pas seulement d’utiliser un correcteur d’orthographe, mais d’analyser le texte et de voir comment il “fonctionne” : vérifier que les phrases sont grammaticalement correctes et cohérentes avec le récit, s’assurer que le texte a le bon rythme, veiller à ce qu’il y ait une continuité entre les pages, etc.
Dans l’idéal, le texte devrait être révisé par un professionnel et, au minimum, par une personne autre que l’auteur.
4) Design graphique
Le design graphique peut faire le succès ou l’échec d’un titre autoédité : une chose aussi banale que l’utilisation d’une mauvaise police de caractères pour la couverture peut donner à votre livre un aspect amateur.
Comme c’est souvent le cas, l’un des meilleurs conseils est ” Less is more ” (moins, c’est mieux). Restez simple et n’utilisez pas plus de deux polices de caractères pour que le contenu ressorte sans distraction visuelle.
Pour la publication assistée par ordinateur, il existe de nombreux outils, y compris des options gratuites et libres. Le roi incontesté est Adobe InDesign, mais il convient également d’envisager des logiciels gratuits comme Scribus.
Il s’agit là d’un bon conseil, mais toute personne qui s’apprête à publier un livre illustré doit tenir compte de deux autres éléments.
Le premier est de décider de la longueur du livre, c’est-à-dire du nombre de pages : un rapide tour dans votre librairie ou bibliothèque locale vous donnera une bonne idée de la longueur moyenne de ce type d’ouvrage. Il est inutile d’offrir un tome de 500 pages à un enfant en bas âge, et les livres illustrés comportant de nombreuses pages sont coûteux à produire.
De même, un nombre de pages trop restreint (24 pages seulement, par exemple) peut rendre un livre peu attrayant. Chaque tranche d’âge, chaque type de livre, chaque genre d’histoire a une longueur optimale : la trouver peut faire toute la différence.
Le deuxième élément à prendre en considération est l’illustration : non seulement elle doit être bien dessinée, mais elle doit aussi être utilisée correctement, c’est-à-dire bien mise en page. Il existe des règles de rythme et de composition à respecter pour que l’histoire fonctionne, ainsi que des règles tout aussi importantes concernant l’utilisation cohérente du style et des couleurs d’une page à l’autre. L’étude attentive des meilleurs livres illustrés vous donnera une idée de la manière dont ces règles fonctionnent dans la pratique.
Impression et distribution
Une fois votre livre mis en page, il est temps de passer à l’impression.
Vous avez déjà choisi le format et le nombre de pages. Vous devez maintenant choisir entre une couverture souple (idéale pour les ouvrages de fiction) et une couverture rigide (idéale pour les livres illustrés et pour donner de l’ampleur aux titres comportant peu de pages) ; les couvertures rigides sont les plus chères des deux.
Ensuite, il faut choisir le papier : pour une fiction, un papier non couché est une valeur sûre, tandis que pour un livre illustré, il est préférable de choisir un papier couché ou ayant des qualités destinées à faire ressortir les illustrations. N’oubliez pas que certains papiers absorbent davantage les couleurs que d’autres, ce qui signifie que les images seront rendues différemment selon le papier choisi.
La dernière grande décision à prendre concerne le nombre d’exemplaires à imprimer. Cela dépend du budget et de l’espace de stockage disponible : n’oubliez pas qu’une boîte de 50 livres peut être lourde et encombrante, et que le stockage de 500 livres nécessite donc un espace assez important. Un éditeur traditionnel peut imprimer 2 000 exemplaires au départ pour un livre dont il espère qu’il aura du succès, mais un auto-éditeur peut se contenter d’un tirage initial beaucoup plus faible et économiser de l’espace de stockage.
Une fois vos livres arrivés, il est temps de les vendre !
Si vous avez déjà une communauté d’adeptes, vous pouvez leur proposer votre livre en espérant que le bouche-à-oreille et les discussions sur les réseaux sociaux élargiront votre lectorat. Essayez également de faire en sorte que votre livre soit disponible dans les librairies, en particulier les indépendants et les vendeurs spécialisés dans les titres autoédités.
Il peut être intéressant de créer un site web dédié à la promotion de votre livre et de le faire connaître auprès des clubs de lecture en ligne – vous en trouverez de toutes sortes sur Facebook.
Enfin, envisagez d’inscrire votre livre sur des marketplaces numériques : votre livre pourrait ainsi avoir une portée mondiale !
À retenir
L’autoédition d’un livre est une démarche courageuse, qui n’est pas sans risque, mais qui peut être gratifiante, et pas seulement d’un point de vue émotionnel. Sur le plan financier, vous avez de bonnes chances de rentrer dans vos frais (en fonction du nombre d’exemplaires que vous imprimez). Mais surtout, si votre livre se vend bien, les revenus par exemplaire vendu peuvent être beaucoup plus élevés pour les ouvrages autoédités que pour ceux publiés par une maison d’édition (les droits d’auteur représentent généralement 7 à 10 % du prix de la couverture).
Le marché de l’autoédition continue de se développer et constitue une excellente option pour les titres expérimentaux, inhabituels et de niche que les éditeurs traditionnels ont tendance à rejeter.
Bonne chance !
- Source: UCL Consultants https://www.ucl.ac.uk/consultants/case-studies/2020/apr/childrens-books-are-best-seller
** Source https://hannahholt.com/blog/2018/5/17/self-publishing-childrens-books-a-look-at-the-numbers