Le passage piéton en relief permet de faire ralentir les automobilistes à l’approche de celui-ci. C’est un dispositif de signalisation sécuritaire qui force les conducteurs à ralentir grâce à l’illusion d’optique qu’il crée. Le premier passage piétons en trois dimensions en France a été mis en place à Cysoing dans le Nord le 30 octobre dernier. Lors de son installation, le Maire de la ville M. Benjamin Dumortier disait « C’est un moyen d’interpeller les automobilistes, surtout qu’on se rend compte qu’ils ne sont pas toujours civiques avec les piétons ». L’idée a depuis fait du chemin et les passages piétons en 3D se sont installés aux différents coins de l’hexagone : en Isère, en Bretagne, à Rouen, près de Bordeaux et maintenant à Paris.
C’est la Marie du XIVème arrondissement qui a ouvert le bal en mars dernier en mettant en place un premier dispositif de ce type pour limiter les nuisances sonores liées aux ralentisseurs et sécuriser les riverains. Une expérimentation audacieuse est d’ailleurs en cours dans ce quartier de la rive gauche situé derrière la gare Montparnasse à l’initiative de riverains, d’associations de quartier et de parents d’élèves. Désormais, sept carrefours sont privés de feux rouges et l’on mise tout sur l’effet de perspective donnant un passage piéton en 3 dimensions pour surprendre les conducteurs et les inciter à ralentir à l’approche du dispositif.
Mais cette invention n’est pas française. Au départ, cette idée de mettre le street art au service de la sécurité routière est venue des Etats-Unis. L’utilisation de ralentisseurs par illusion d’optique a été testée pour la première fois dans la ville américaine de Philadelphie en 2008 dans le cadre d’une campagne contre les motards en excès de vitesse. Elle a ensuite été reprise en 2016 par l’Inde, pays au monde où les accidents de la route font le plus de victimes (200 000 personnes tuées sur les routes en 2015 selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS)). Le Ministre indien des transports, M. Nitin Gadkari a donc décidé de tester ce dispositif pour surprendre les conducteurs dans leurs habitudes et ainsi les faire ralentir. Puis ce concept a fait le buzz l’année dernière lorsqu’il est arrivé en Islande et en Belgique.
Ces nouveaux passages piétons fonctionnent grâce à effet de relief créé par l’association de couleurs différentes et des lignes de fuite dessinant des ombres, comme pour un trompe-l’œil. Ils sont installés en priorité dans des zones où les automobilistes doivent être vigilants comme dans les zones limitées à 30 km/h, les écoles ou vers les établissements sportifs. Evidemment, ils ne doivent pas protéger les piétons au détriment des automobilistes. Ils sont donc antidérapants, ne réfléchissent pas outre mesure la lumière pour ne pas aveugler les conducteurs mais sont visibles à tout moment, même de nuit. Les experts estiment qu’ils sont extrêmement durables puisqu’ils pourraient résister jusqu’à 1 000 000 passages de roues. Bien que l’effet 3D anamorphosé puisse paraître compliqué, ces nouveaux passages piétons sont en réalité très simples de pose puisqu’il s’agit de bandes 3D en résine thermoplastique. Les formes préfabriquées s’appliquent ainsi en quelques minutes à l’aide d’un chalumeau chauffé à 200°C. Quant au coût, il semble qu’il soit deux fois plus élevé que pour un marquage au sol classique. L’adjointe écolo (EELV) à la maire du XIVe, chargée de la voirie et des déplacements, a d’ailleurs précisé que ce dispositif innovant qui devrait responsabiliser les conducteurs et les piétons « ne coûte que quelque 450 € ! ».
Mais cette nouvelle méthode est déjà contestée. Ses détracteurs affirmant qu’une fois que les conducteurs savent que ces ralentisseurs sont en fait des illusions visuelles, ils ne font que les ignorer. Certains avancent que ces passages piétons ne peuvent être installés que dans les zones où la vitesse est la moins élevée (30 km/h) sinon les conducteurs risqueraient de piler, surpris par l’impression visuelle d’un obstacle. D’autres, enfin, reprochent à ce dispositif de n’être qu’un gadget et que la majorité des automobilistes n’y fait pas attention.
Alors, verra t-on fleurir ces nouveaux passages piétons un peu partout dans la capitale et en France ? Sont-ils vraiment efficaces ? Nous le saurons très certainement d’ici quelques mois lorsque les études en cours auront rendu leur verdict.