Les paysages graphiques d’Ugo Gattoni

Les paysages graphiques d’Ugo Gattoni

Rédaction Publié le 4/2/2025

Les paysages graphiques d’Ugo Gattoni

En plus de 100 ans d’évolution des affiches olympiques, celles conçues par Ugo Gattoni pour les Jeux de Paris 2024 occupent déjà une place de choix dans l’histoire. Elles représentent un stade urbain dans lequel les monuments, les symboles et les personnages majeurs de la capitale française sont tous présents, un projet dans lequel l’artiste a investi plus de 2 000 heures de travail, comme nous l’avons détaillé dans cet article.

Mais bien avant de se lancer dans ce projet colossal, l’illustrateur français s’était déjà fait un nom sur la scène artistique mondiale pour ses paysages surréalistes à grande échelle, aux détails complexes, inspirés de la mythologie, des civilisations anciennes et de l’architecture, dont l’objectif est d’inviter le spectateur à rêver.

Premiers travaux

Né en 1988 à Vitry-sur-Seine, en banlieue sud de Paris, Gattoni est devenu illustrateur après avoir étudié le graphisme à l’EPSAA (École d’art publique de la ville de Paris), dont il est sorti diplômé en 2010. Pendant six mois, il se consacre à un projet personnel de grande envergure : une illustration de 10 mètres de long et de 1,2 mètre de haut, représentant sa vie quotidienne avec ses amis. Ce projet a donné lieu à une exposition à la Galerie Surprise de sa ville natale, sous le nom de « Ultra copains », en 2011.

Un an plus tard, sa passion pour le cyclisme a été retranscrite dans « Bicycle », un livre concertina géant commandé par l’éditeur Nobrow Press pour commémorer les Jeux olympiques de Londres 2012. Sur 5 mètres, l’artiste illustre une course avec de multiples scènes de vélos dans les rues de Londres, mettant en scène non seulement des cyclistes professionnels mais aussi des voyageurs, des banquiers, des coursiers, des mères avec leurs enfants, etc. L’œuvre, dans laquelle il a investi 723 heures de travail, a retenu l’attention d’Hermès.

Collaborations avec Hermès

En 2013, la prestigieuse maison de couture française a proposé à Gattoni sa première collaboration. Au cours des mois suivants, il a travaillé sur « Hippopolis », un foulard en soie qui a été lancé dans le monde entier fin 2015 dans différentes couleurs. Le motif, qui représente une ville imaginaire, rend hommage au cheval. On y voit l’animal quitter sa montgolfière pour explorer les recoins des monuments mis en scène sur un échiquier.

Depuis, l’illustrateur travaille périodiquement pour Hermès, une marque qui lui permet de travailler en toute liberté et qui respecte le temps nécessaire à une création de ce niveau de détail.

Outre les foulards, Gattoni est également à l’origine de la création de Mino, la mascotte ludique utilisée pour l’ouverture du nouveau magasin Hermès de Séoul en 2017.

Univers imaginaires

En plus d’Hermès, des marques telles que Cartier, Rolex, Hennessy, Nissan, Motorola, Nike et Iittala ont également choisi de faire passer leurs produits à travers la lentille des mondes fantastiques de l’artiste français. Pour Pierre Frey, par exemple, il a conçu une illustration racontant la résurrection d’un monde de titans enfouis sous les décombres d’une ville, perdus au milieu des nuages et des montagnes, à l’occasion du lancement de leur collection de papiers peints de l’automne 2016.

Un an plus tard, Ruinart, la plus ancienne cave de la région française de Champagne, lui a demandé de capturer le processus de récolte. Le résultat est « Rebond », qui décrit les étapes de la transformation du raisin jusqu’à la bouteille expédiée. 

Plus tard, en 2020, la maison de parfums française Diptyque lui a demandé d’inventer un conte d’hiver pour le lancement de sa collection de bougies parfumées de Noël « Marvellous Beasts ». Les dessins de Gattoni nous plongent dans une aventure où un lion, un cygne et un corbeau se rencontrent et entrent dans une ville enneigée à la recherche de nouvelles senteurs.

Plus récemment, l’artiste a exploré de nouvelles voies, telles que l’illustration de pochettes d’albums et la conception d’affiches pour des festivals de musique.

Ces dernières années, cependant, Gattoni a consacré une grande partie de son temps à la création de son propre univers imaginaire, appelé « Nebula ». Il s’agit d’un voyage entre plusieurs mondes, de la Terre au cosmos, dont il a tout établi, de la faune à la flore, en passant par la cartographie, les coutumes vestimentaires, la monnaie et les croyances. C’est un récit mythologique structuré autour de l’idée d’un bonheur infini comme moteur d’un monde merveilleux.

Processus créatif

Le processus de travail de Gattoni comprend trois phases : l’esquisse, le dessin et l’ombrage, pour lesquels il utilise principalement des crayons graphite et rotring. Il esquisse les dessins originaux sur un rouleau de papier qu’il déroule au fur et à mesure qu’il dessine des éléments, puis il les scanne. Il n’utilise les outils numériques que pour la finition et le polissage des dessins, ainsi que pour certaines commandes commerciales. S’il commet une erreur, elle peut être facilement dissimulée grâce à la richesse des détails.

C’est ainsi que l’illustrateur français étoffe ses œuvres, riches en dimensions architecturales et sculpturales, larges dans leur portée philosophique, anthropologique et même botanique, afin d’assurer une immersion totale dans ses scènes.